La biodiversité – ce pilier de la résilience des territoires et des hommes

7 novembre 2019

Le 6 mai prochain, des experts et des gouvernements du monde entier vont présenter le rapport de l’IPBES sur l’état des espèces animales et végétales de la planète.

On le sait déjà. Le bilan est catastrophique. Malgré les plans internationaux pour la nature, stratégie mondiale pour la biodiversité (Objectifs d’Aïchi) adoptés en 2010, puis, calquées sur ce modèle, les stratégies européennes et nationales, entre autres, la dégradation s’est même fortement accélérée ces dernières décennies.

Le moment est venu d’une prise de conscience. Nous ne pouvons plus continuer comme avant, croire qu’un accord international âprement négocié par des experts de la négociation politique lors de fora internationaux réunissant plus de 50 000 délégués est un succès en soi pour la conservation. Sur papier peut-être, mais le chemin est encore très long entre la salle de conférence et la mise en œuvre sur le terrain.

Tout d’abord, la notion de biodiversité, contraction de diversité biologique, terme maintenant intégré dans le langage commun, l’est-il vraiment sur le terrain ?
Pour les acteurs locaux, le mot reste encore un jargon de technocrates. Il est aussi le plus souvent perçu comme une contrainte réglementaire, pour les entreprises, les agriculteurs et les collectivités dont les opérations transforment les paysages. Ce n’est la priorité, mais une obligation à satisfaire pour respecter la réglementation.

Il est grand temps de passer à des incitations positives et travailler sur les perceptions des acteurs.

La biodiversité c’est la diversité des espèces vivantes et des écosystèmes qui les accueillent, et les interrelations entre ces espèces. La biodiversité c’est tout simplement la base de notre vie sur terre. Ses services nous permettent de nous nourrir, nous abriter, boire, respirer, etc. La nature fournit tous ces services gratuitement, pour le moment. La biodiversité s’est aussi la base de l’économie. Sans biodiversité, pas de développement économique possible.

La biodiversité n’est pas une contrainte, c’est un atout porteur de richesse pour les territoires. Pour que cette notion soit assimilée localement, il est crucial d’intégrer dès le départ la biodiversité dans les projets de développement socio-économiques et d’aménagement des territoires et non plus après coup parce que la réglementation l’impose. Les gouvernements doivent aussi créer des dispositifs d’encadrement politiques et fiscaux qui suscitent localement des incitations à la conservation de la nature et l’appropriation par les acteurs locaux des ressources de la biodiversité sur le territoire sous leur contrôle.

La biodiversité, ce n’est pas non plus uniquement les espèces et les espaces protégés. Les politiques nationales de conservation de la nature, trop accès sur cette notion pendant des années, ont engendrés un laissez-faire en dehors des zones de protection. Le paysage français en témoigne. Chaque année en France, 60 000 ha de terre (terres agricoles, espaces naturels ou semi-naturels) disparaissent tous les ans à cause de l’artificialisation des sols. Les centres commerciaux fleurissent en périphérie des bourgs, les lotissements et les routes grignotent et fragmentent la campagne. A cela s’ajoute l’accaparement des terres par des puissances étrangères en vue de mettre en place des productions agricoles intensives pour satisfaire exclusivement leurs marchés lointains. Dans ce que l’on appelle la « nature ordinaire », les sols n’ont pas de valeur et sont encore majoritairement aujourd’hui avant tout considérés comme des supports des activités humaines alors que 25% de la biodiversité se trouve sous la surface des sols. L’habitat naturel de la faune sauvage est lui de plus en plus réduit et fragmenté ce qui génère des conflits croissants avec les zones d’activité humaine. Comment, dans ce contexte, encore s’étonner de la perte exponentielle de biodiversité ?

La biodiversité et la perte de terre sont les enjeux majeurs des années à venir !

Les acteurs locaux, comme les entreprises, les agriculteurs, les collectivités locales doivent dès maintenant l’intégrer dans leurs stratégies de résilience aux changements globaux. Mais, pour assurer leur succès, ces stratégies doivent s’ancrer sur les réalités de terrain.
Les réalités du terrain doivent aussi impérativement mieux éclairer le processus de décision aux niveaux national et international beaucoup trop « hors-sols ». Cela suppose intégrer la mise en œuvre des accords pour la biodiversité dès la phase initiale de négociation, mieux intégrer les bonnes pratiques locales et les acteurs locaux (directement concernés par les décisions) dans les débats pour nourrir les décisions et les rendre plus efficaces ensuite.

Enfin, la biodiversité ne doit plus être appréhendée comme une préoccupation isolée. Elle est intrinsèquement liée à la notion de développement. Elle doit aller de pair avec les discussions internationales sur le climat. Tous les experts le disent, des écosystèmes marins et terrestres en bonne santé sont des puits de carbone. Augmenter la biodiversité est le meilleur outil de résilience des hommes et de leurs territoires au changement climatique. Il y va de notre survie !
Marianne Courouble, fondatrice de RESILIENCE Nature, experte pour la convention de Berne, a représenté la France dans 4 conventions internationales sur la biodiversité. Elle a aussi participé à la négociations des Objectifs d’Aïchi.

Pour les acteurs locaux, le mot reste encore un jargon de technocrates. Il est aussi le plus souvent perçu comme une contrainte réglementaire, pour les entreprises, les agriculteurs et les collectivités dont les opérations transforment les paysages. Ce n’est la priorité, mais une obligation à satisfaire pour respecter la réglementation.

Il est grand temps de passer à des incitations positives et travailler sur les perceptions des acteurs. La biodiversité c’est la diversité des espèces vivantes et des écosystèmes qui les accueillent, et les interrelations entre ces espèces. La biodiversité c’est tout simplement la base de notre vie sur terre. Ses services nous permettent de nous nourrir, nous abriter, boire, respirer, etc. La nature fournit tous ces services gratuitement, pour le moment. La biodiversité s’est aussi la base de l’économie. Sans biodiversité, pas de développement économique possible.

La biodiversité n’est pas une contrainte, c’est un atout porteur de richesse pour les territoires. Pour que cette notion soit assimilée localement, il est crucial d’intégrer dès le départ la biodiversité dans les projets de développement socio-économiques et d’aménagement des territoires et non plus après coup parce que la réglementation l’impose. Les gouvernements doivent aussi créer des dispositifs d’encadrement politiques et fiscaux qui suscitent localement des incitations à la conservation de la nature et l’appropriation par les acteurs locaux des ressources de la biodiversité sur le territoire sous leur contrôle.

La biodiversité, ce n’est pas non plus uniquement les espèces et les espaces protégés. Les politiques nationales de conservation de la nature, trop accès sur cette notion pendant des années, ont engendrés un laissez-faire en dehors des zones de protection. Le paysage français en témoigne. Chaque année en France, 60 000 ha de terre (terres agricoles, espaces naturels ou semi-naturels) disparaissent tous les ans à cause de l’artificialisation des sols. Les centres commerciaux fleurissent en périphérie des bourgs, les lotissements et les routes grignotent et fragmentent la campagne. A cela s’ajoute l’accaparement des terres par des puissances étrangères en vue de mettre en place des productions agricoles intensives pour satisfaire exclusivement leurs marchés lointains. Dans ce que l’on appelle la « nature ordinaire », les sols n’ont pas de valeur et sont encore majoritairement aujourd’hui avant tout considérés comme des supports des activités humaines alors que 25% de la biodiversité se trouve sous la surface des sols. L’habitat naturel de la faune sauvage est lui de plus en plus réduit et fragmenté ce qui génère des conflits croissants avec les zones d’activité humaine. Comment, dans ce contexte, encore s’étonner de la perte exponentielle de biodiversité ?

La biodiversité et la perte de terre sont les enjeux majeurs des années à venir !

Les acteurs locaux, comme les entreprises, les agriculteurs, les collectivités locales doivent dès maintenant l’intégrer dans leurs stratégies de résilience aux changements globaux. Mais, pour assurer leur succès, ces stratégies doivent s’ancrer sur les réalités de terrain.
Les réalités du terrain doivent aussi impérativement mieux éclairer le processus de décision aux niveaux national et international beaucoup trop « hors-sols ». Cela suppose intégrer la mise en œuvre des accords pour la biodiversité dès la phase initiale de négociation, mieux intégrer les bonnes pratiques locales et les acteurs locaux (directement concernés par les décisions) dans les débats pour nourrir les décisions et les rendre plus efficaces ensuite.

Enfin, la biodiversité ne doit plus être appréhendée comme une préoccupation isolée. Elle est intrinsèquement liée à la notion de développement. Elle doit aller de pair avec les discussions internationales sur le climat. Tous les experts le disent, des écosystèmes marins et terrestres en bonne santé sont des puits de carbone. Augmenter la biodiversité est le meilleur outil de résilience des hommes et de leurs territoires au changement climatique. Il y va de notre survie !

Marianne Courouble, fondatrice de RESILIENCE Nature, experte pour la convention de Berne, a représenté la France dans 4 conventions internationales sur la biodiversité. Elle a aussi participé à la négociations des Objectifs d’Aïchi.


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#Aïchi  #biodiversité  #climat  #ipbes  #resilience